Interview de Gilles Fournier

Le renoncement à l’édition 2021 du Salon du Bourget a dû être assez douloureux. Comment SIAE a-t-il géré les conséquences de cette décision ?

Gilles Fournier : Il s’agit d’une décision collégiale, prise par les instances du Gifas et de SIAE, mais une décision difficile à prendre, c’est certain. Elle a été guidée par les perspectives entrevues à la fin de l’année 2020. Allions-nous être capables d’ouvrir un Salon du Bourget six mois plus tard et dans les conditions requises ? Les probabilités que la crise virale mondiale se soit dissipée en juin 2021 nous ont parues extrêmement faibles. Ne pas annuler l’édition 2021 nous aurait conduits tout droit vers des engagements financiers à risque, engagements vers lesquels nous aurions aussi précipité nos exposants. Nous avons donc pris une décision de gestion, mais aussi de prévision. En effet, nous avons fait le choix de rembourser tous nos clients – ce que peu d’organisateurs auraient fait –, afin de limiter au mieux les pertes financières des uns et des autres, mais aussi de conserver leur confiance. Nous avons donc estimé qu’il nous revenait d’assumer les conséquences de ce choix, sans les faire peser sur nos clients. Je résumerais notre position en disant qu’en matière de gestion d’entreprise, on n’a pas le droit de parier, de jouer la réussite sur un coup de dés…

Comment qualifiez-vous l’état d’esprit de vos équipes aujourd’hui, et quelles perspectives se dégagent à l’horizon 2023 pour le prochain Salon international de l’aéronautique et de l’espace de Paris-Le Bourget ?

Nos équipes travaillent pendant deux ans pour organiser chaque salon. En 2020, elles œuvraient depuis dix-huit mois lorsqu’elles ont appris qu’il n’y aurait pas d’édition 2021. Pour être honnête avec vous, disons qu’elles sont piquées au vif ; et tout à fait remontées ! Autrement dit, nous allons redoubler d’énergie pour organiser un très beau salon 2023. Ce qui me motive à le prédire, c’est que les énormes difficultés auxquelles sont confrontés l’industrie aéronautique et le monde du transport aérien seront alors derrière nous. Nous serons sur une pente de reprise, même si tout ne sera peut-être pas totalement revenu à la situation d’avant la crise du coronavirus. Par ailleurs, si je me tourne vers les industriels et les visiteurs, je constate chez eux une certaine frustration. Ils n’auront pas eu de salon du Bourget depuis quatre ans, lorsqu’ils se présenteront à l’entrée, en 2023 ; et ils sont très désireux de se voir, en ce sens que toutes les réunions et conférences par liaison vidéo ne peuvent pas remplacer le contact direct et toutes les opportunités qu’il offre. Sans parler de l’aspect festif du SIAE de Paris, irremplaçable lui aussi. Un salon comme celui du Bourget éveille les cinq sens, auxquels s’ajoute un sixième : l’émotion.

Cela dit, l’édition de 2023 n’apportera pas de révolution à proprement parler. Nous y trouverons des chalets, des stands, des avions sur le tarmac et, je l’espère, des avions en vol. Mais surtout, des professionnels et du public. Notre préoccupation première, c’est la qualité du service apporté à nos clients. Nous tenons bien sûr à rester le premier salon aérospatial du monde en termes de taille et d’organisation. Or cette position ne peut être tenue pour acquise. La recherche de la qualité de service est donc notre obsession. Gardons à l’esprit que rester à la première place mondiale est un défi beaucoup plus difficile à relever que celui qui consiste à chercher à l’atteindre. Quant à l’actualité du salon 2023, je ne peux la décrire et me substituer ainsi aux exposants. Ce qui est sûr, c’est que SIAE les accompagnera dans leurs démarches. Cette édition sera le salon de la reprise. Et il nous revient d’expliquer au grand public que l’aérospatiale est une industrie passionnante, utile et vertueuse.

Comment innover lorsque l’on est organisateur du salon du Bourget ?

En réalité, nous nous réinventons en permanence, en ce sens que nous travaillons sans cesse à apporter de la simplicité, de la fluidité à nos exposants et aux visiteurs. Je ne parle pas des embouteillages entre Paris et l’aéroport du Bourget ! Le site est situé en zone urbaine, et nous ne pouvons hélas rien y changer – la proximité avec Paris et l’aéroport Charles-de-Gaulle constitue par ailleurs un avantage certain. Nous travaillons donc à simplifier des procédures, à répondre immédiatement à toute question posée, à améliorer globalement notre prestation. Nous sommes d’ailleurs toujours à l’écoute des critiques reçues et y prêtons la plus grande attention. Dans un autre ordre d’idée, nous avons toujours apporté de l’innovation, par exemple en créant « l’Avion des Métiers » ou le « Paris Air Lab » avec le Gifas. Et nous continuerons à innover sur un certain nombre de sujets…

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